03/04/2017
100 hectares « bio » !
Converti à la culture biologique après un test, Lionel Raymond l'étend à l'ensemble de sa propriété en 2002. Pari risqué et coûteux ?
Pourtant, il y a peu, rien ne prédisposait les vignobles Raymond, le Saint-Laurent-du-Bois, dans le Haut-Macarien, à cette démarche. Viticulteurs de père en fils depuis des décennies, ces exploiants pratiquaient un mode de culture des plus classiques.
En 2000, Lionel, le petit-fils, achète une propriété en conversion biologique. N'ayant aucun à priori, il choisit de continuer dans cette voie. « Je tiens à être clair, précise-t-il d'entrée, l'objectif est de choisir un mode cultural personnel pour arriver à produire un vin de qualité.
J'ai opté pour ce système comme d'autres pour le leur, mon but étant de faire un bon vin tout en respectant la nature. Mais ce n'est pas parce que j'ai choisi cette option que le reste ne vaut rien. C'est aussi pour prendre de l'avance sur les contraintes européennes car un jour ou l'autre, on sera tous obligés d'y venir ».
Un tout autre challenge dans le vin bio
Un des autres éléments déterminants a été le cahier de charge inhérent au vin biologique.
"C'est le plus difficile à respecter. Si l'on en est capable, on est capable de respecter les autres», ajoute le jeune homme. Pendant deux ans, les 32 hectares initiaux vont servir de test. « Il fallait voir si l'on était capable de suivre ce mode cultural et d'obtenir des résultats en terme qualitatif avant de se lancer dans quelque chose de grand », poursuit l'exploitant.Les bons points ne tardent pas à tomber sous forme de médailles lors des divers concours. Rassuré, le viticulteur va pouvoir passer à la phase suivante. Le reste de la propriété — soit 74 hectares — est mis en conversion biologique.
Simple non ? Pas tout à fait, car c'est un tout autre challenge qui attend Lionel Raymond. Prati-
quer ce type de culture sur une superficie de trente hectares n'a aucune commune mesure avec ce qu'il a entrepris. « Plus qu'un fossé, c'est un ravin qui sépare les deux », dit-il.
Démystifier le bio
Ainsi, 2002 a été une année d'observation pour mesurer la teneur des investissements en personnel et matériel. Conclusion : cinq employés supplémentaires ont été recrutés et de lourds achats en équipements effectués. Pour mieux le comprendre, il faut véritablement connaître les obligations imposées par le mode biologique. « Le "bio" est un bien grand mot car c'est cultiver comme autrefois dans le respect de la nature. On utilise des produits na turels et une façon de travailler manuelle. C'est un labeur long et astreignant qui demande un matériel adapté si l'on veut s'attaquer à de grandes surfaces. Donc c'est très coûteux », poursuit-il.
Ainsi, le pari est très risqué, ce dont lé viticulteur est conscient. « C'est 30 de charges supplé-
mentaires par an, une démystification complète du bio au niveau du consommateur avec des risques culturaux importants. Mais je reconnais que c'est un beau challenge », conclut Lionel Raymond. Avec en plus l'assurance de pouvoir répondre aux questions que se pose de plus en plus le consommateur.
16:14 Publié dans Shopping | Lien permanent | Commentaires (0)